Communiqué de presse
Drame autour du règlement de l’UE sur l’IA : accords illégitimes, périodes de négociation irresponsables et pressions inacceptables
Après un marathon de négociations sur le règlement relatif à l'Intelligence artificielle (AI Act), les États membres de l'UE ont fait pression sur le Parlement européen pour qu'il fasse passer la sécurité nationale et les intérêts de l'industrie avant la protection des droits des personnes. Après plus de 20 heures de négociations, les législateurs européens, fatigués et privés de sommeil, ont fait pression les uns sur les autres aujourd'hui pour conclure un accord inacceptable - sur certaines des implications les plus fondamentales de l'IA sur les personnes et la société.
Des IA utilisées pour classer les personnes en fonction de leurs préférences sexuelles, des systèmes d'IA qui prétendent pouvoir reconnaître les émotions des personnes demandant l’asile, des IA qui reconnaissent rétrospectivement les visages des personnes qui manifestent dans l'espace public ; apparemment, les États membres de l'UE n'hésitent pas à permettre et à promouvoir l'utilisation des systèmes les plus insensés. Le Parlement européen a adopté une position claire : ces systèmes ne sont pas compatibles avec l'un des principaux objectifs du règlement sur l'IA, à savoir la protection des droits fondamentaux, et doivent donc être interdits. Il semble toutefois que les États membres poursuivent un autre agenda : ils exercent actuellement une énorme pression sur le Parlement afin de légitimer l'utilisation de tels systèmes d'IA.
« Les membres du Parlement européen ont un mandat à remplir : les citoyennes et citoyens de toute l'Europe les ont élu·e·s pour protéger leurs droits et leurs intérêts. Il est inacceptable d'agir ainsidans le dos de la population et d'accepter un accord qui ouvrira la voie à une utilisation généralisée des systèmes d'IA dans les domaines les plus sensibles. Ces derniers développements sont également un signal inquiétant pour la future régulation de l'IA et des algorithmes en Suisse. En effet, l'UE fixe ainsi un standard qui influencera aussi considérablement les discussions dans notre pays. »
Angela Müller, directrice d'AlgorithmWatch CH et Head of Policy & Advocacy chez AlgorithmWatch
« Les membres du Parlement européen ont un mandat à remplir : les citoyennes et citoyens de toute l'Europe les ont élu·e·s pour protéger leurs droits et leurs intérêts. Il est inacceptable d'agir ainsi dans le dos de la population et d'accepter un accord qui ouvrira la voie à une utilisation généralisée des systèmes d'IA dans les domaines les plus sensibles », déclare Angela Müller, directrice d'AlgorithmWatch CH et Head of Policy & Advocacy chez AlgorithmWatch. « Ces derniers développements sont également un signal inquiétant pour la future régulation de l'IA et des algorithmes en Suisse. En effet, l'UE fixe ainsi un standard qui influencera aussi considérablement les discussions dans notre pays », ajoute Angela Müller.
Qui plus est, tout cela se produit après un après-midi, une nuit et une matinée de négociations, qui ont clairement laissé toutes les personnes présentes dans la salle dans un état dans lequel il ne convient pas de prendre des décisions sur des lois et encore moins sur des lois destinées à protéger les personnes contre certaines des implications les plus dramatiques que les systèmes d'IA peuvent avoir sur elles. Les négociations reprendront demain matin, et d'ici là, c'est à la société civile de rappeler aux membres du Parlement européen qu'il est de leur responsabilité de continuer à défendre nos droits, et d'exiger des conditions de négociation qui le permettent.